samedi 3 septembre 2011

Le Business de la Mort

Quand les pompes funèbres deviennent des pompes à fric. Décryptage de vos derniers achats et ultimes investissements à travers ces confessions d’employés des pompes funèbres.
Derrière certaines activités mortuaires se cachent une « machine à fric » qui passe très souvent sous silence. Avec les 535 000 décès annuels en France, les pompes funèbres réalisent en moyenne un chiffre d’affaires d’1,5 milliard d’euros par an. Si le secteur est loin d’être en crise, cela n’empêche pas certains vendeurs de gonfler leurs prix et de présenter des factures post-mortem pouvant s’élever au-delà des 5 000 euros. Tout commence avec l’hébergement du corps. La chambre funéraire en location est désormais plus en vogue que le traditionnel repos au sein du domicile du défunt. Sous le couvert d’une image « moyenâgeuse », les funérariums s’accordent à dire qu’ils offrent une solution « pratique » et « hygiénique » aux familles. Cependant, des sociétés facturent une, voire plusieurs journées supplémentaires en chambre funéraire, et ce jusqu’à 7 fois plus cher que le coût ordinaire d’une journée en forfait. En temps normal, comptez 400€ pour 3 jours. Les pompes funèbres entretiennent des relations avec des sociétés qui proposent des services d’embaumement. Un prestataire estime que « 70% des clients le demandent ». En sachant que l’injection de formol est facturée 400€ et que des supports réfrigérants plus économiques font tout aussi bien l’affaire, cela reste un bon moyen de remplir les caisses ! Le choix du cercueil vient ensuite à vous et les prix peuvent amener plus bas que terre. Le prix de base est d’environ 300€ et des cercueils en acajou massif atteignent des sommes comme 2 400€ ; prix massif lui aussi ! Si celui en peuplier à 700 euros se vend bien, des poignées en plus apparaissent miraculeusement, élevant ainsi son coût. Il semble pourtant clair que quatre poignées suffisent aux hommes en noir pour porter la bière. D’ailleurs, le rajout de poignées engendre la facturation de porteurs en plus. Cette ruse est bien rentable quand on sait qu’une équipe propose ses services à partir de 205€. Quant à la fameuse pierre tombale la fourchette de prix habituelle se situe entre 700 et 1 100€. Ajoutez également 850€ pour un caveau à deux cases ou 1 700€ pour 4 cases ; non n’attendez pas de promotion une achetée une gratuite. Additionnez ensuite 250€ pour la pose du monument funéraire, 450€ pour son ouverture et sa fermeture puis 190€ pour la semelle en ciment. Pour échapper à ces frais, de plus en plus de personnes pensent à se faire incinérer. Seulement attention, les arnaques ne sont pas loin non plus. Une crémation coûte à peu près 400€, l’urne peut atteindre 120€ et si vous choisissez un columbarium, dépensez 900€ pour 30 ans. Une seule urne est amplement suffisante pour contenir les cendres d’une personne. Mais il arrive que des vendeurs soutiennent qu’il en faille deux. Ce cas arrive aux familles trop empreintes de chagrin pour s’apercevoir qu’elles se font berner. A l’heure de la messe on pourrait croire que les fraudes sont derrières soi. Erreur ! Autre piège : le prix de la messe. Ordinairement, son prix est de 150€, or des curés ne réalisent que des bénédictions de vingt minutes pour le même prix. Plus fort encore, vous payez une somme identique pour un curé absent remplacé par un quidam !

Face aux escroqueries des professionnels du funéraire, des structures comme l’AFIF (Association Française d’Information Funéraire) dénoncent les abus qui font l’objet de condamnations par le Conseil de la Concurrence. Michel Kawnik, président de cette association, affirme que « 80% des entreprises ne respectent pas les familles et leurs intérêts ». Malgré le conseiller funéraire et le travail préventif de l’AFIF, les modifications du contrat pour les factures persistent et sont même de plus en plus courantes. Un salarié des pompes funèbres du Nord de la France confie qu’ « une dame a vu son contrat modifié. Les pompes funèbres qu’elle avait choisi ont été remplacées par d’autres aux tarifs bien plus élevés. A la question du changement, on lui a répondu que les autres n’étaient pas disponibles. Ce n’était évidemment pas le cas ! ». Ainsi des hôpitaux, maisons de retraites et entreprises funéraires passent des accords dans le but de manipuler les endeuillés qui ne sont pas plus que des clients. Des professionnels du secteur ont conscience que la famille qui perd un être cher ressent le besoin essentiel de rendre un dernier hommage à celui qu’elle aime. L’achat de croix, de plaques funéraires, de bougies et de fleurs sont un moyen d’anesthésier la douleur. En se servant de cette peine, des hommes et des femmes mettent alors au point des techniques de vente et n’hésitent pas à donner mauvaise conscience à celui qui vient vers eux pour chercher un simple et sincère « A notre maman ».

1 commentaire:

Clémentine a dit…

Ca refroidit... !