mercredi 1 février 2012

"Ne parlez pas de garagiste et d'honnêteté!"

...C'est ce qu'a dit le patron d'un garage belge affilié à une grande marque automobile. C'est ce qu'il a dit à deux jeunes gens qui sont venus faire réparer leur véhicule chez lui.

Tout a commencé avec la perte d'une courroie d'accessoire sur l'autoroute. Très logiquement, le propriétaire de la voiture, un français âgé de 21 ans, est allé faire installer une nouvelle courroie chez un garagiste de la région bruxelloise rapidement trouvé dans l'annuaire téléphonique des pages d'Or. Très vite, le jeune homme est interpellé par l'attitude du patron et par sa façon de procéder : pas d'explication sur l'analyse du véhicule, pas de bon de commande à signer, des propos flous, une période d'immobilisation du véhicule importante, des prix qui ne cessent d'augmenter par rapport au prix de base annoncé, des achats de pièces sans consultation du client, aucune facture délivrée malgré les réclamations.... Ensuite, un coup de fil, après plusieurs jours, pour annoncer que le véhicule a été réparé et qu'il peut être enfin remis au propriétaire. Ce dernier était loin de s'imaginer qu'en tournant la clé, la voiture ne démarrerait plus. C'est pourtant ce qu'il s'est passé! Le jour suivant, le propriétaire du véhicule et sa compagne sont retournés chez ce garagiste et ont ouvert les micros : voici l'enregistrement réalisé à l'insu du patron, du mécanicien qui s'occupe du véhicule et d'un autre individu qui dit travailler lui aussi sur le véhicule mais qui pourtant ne s'était jamais manifesté jusque- là. Au  bout de deux minutes, celui-ci intervient et la conversation s'envenime.


A en croire ces propos, le client qui amène son véhicule dans un garage doit être conscient qu'il le laisse au petit bonheur la chance. Leurs écarts face à la législation ne semblent pas les déranger plus que cela! Ecoutons la conversation entre le mécanicien et le propriétaire de la voiture, réalisée dans les mêmes conditions, mais en l'absence de sa hiérarchie.


"Ben ouais..." ; voilà tout!

La voiture a été quelques heures plus tard lâchée sur la voie publique. Le propriétaire la fait alors remorquer en France, à une centaine de kilomètres, jusqu'à un garage dont il n'avait entendu que du bien. Son garagiste, ancien employé du même constructeur automobile que le garage belge, a rapidement détecté la cause de la panne. Il a découvert un relais de 10 ampères. Or sur le véhicule en question les relais doivent être de 20 ampères. Le propriétaire a donc questionné : "j'ai demandé au garagiste si la voiture aurait pu rouler avec ce relais pendant 6 mois, puisque cela fait 6 mois que je roule avec cette voiture. Il m'a répondu catégoriquement que ce n'était pas possible!" Tout porte donc à croire que la garage belge aurait changé le relais de la voiture pour créer une panne, immobiliser le véhicule et faire mine de chercher le problème pendant que le client, qu'il croyait crédule, continuait à débourser.
Quelques semaines plus tard, le véhicule a dû retourner entre les mains de mécaniciens parce que la perte de la courroie avait endommagé d'autres pièces. Quelle surprise, lorsque le garagiste a annoncé que la courroie d'accessoire devrait bientôt être changée! La courroie vendue par le garage belge était-elle neuve?

Peut-être pas! L'idée que les garagistes belges soient peu scrupuleux est assez répandue. Mais en France, les conducteurs ne sont pas non plus à l'abri. Un mécanicien en stage dans un grand garage du Nord de la France raconte ce que sa hiérarchie l'a poussé à faire : prendre la pièce usée du véhicule du client, et la refourguer au véhicule du prochain et ainsi de suite, tout simplement!

samedi 17 décembre 2011

Territoire Facebook

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samedi 12 novembre 2011

L’AFPA et son Jeu de Famille

Une entreprise, une société ou une association, c’est comme une famille. On y arrive tel un nouveau né, les yeux un peu fermés, la nuque fragile puis le pas peu assuré. On apprend à en connaître les membres : on fait la rencontre du patriarche et de nos confrères. On cherche à trouver sa place, à se singulariser, et à affirmer ce que l’on est au milieu de nos semblables. L’AFPA, comme les autres structures, est cette famille faite de hiérarchie, de domination et de soumission, de solidarité et de querelles, d’ego et de respect, de mépris et de reconnaissance. L’AFPA, en bon reflet de la société, est un jeu des sept familles. Et si on faisait une partie ?

 

Le géniteur de l’AFPA, c’est l’Etat. En 1949, le gouvernement français décide de constituer une fratrie, une association « pour rendre la formation accessible à tous ». Durant plusieurs années, l’Etat pourvut aux besoins de sa famille jusqu’au jour où celle-ci fut placée sous la tutelle de l’indépendance. Les difficultés de l’AFPA commencèrent. Se frottant à la rugosité des remparts de l’autonomie, l’AFPA comprit à son tour que persévérer dans son existence revenait à emprunter les chemins du sacrifice, du chiffre et de la compétitivité.




…ou le patronat. Les directeurs évoquent la proximité comme étant un facteur d’efficacité. Pourtant, une expertise sur la santé au travail, réalisée en décembre 2010, révèle que cette mère n’est pas véritablement présente au sein du foyer AFPA et que cette « présence discontinue » est révélatrice d’un travail « sous pression et dans l’urgence ».

III. Dans le famille AFPA, je demande la fille !

La réorganisation de la structure familiale de l’AFPA, la mobilité géographique, la vérification accrue du travail et de ses résultats sont venues créer de nouvelles conditions de travail et de sécurité. Avec des objectifs en plus et des outils en moins, le salarié  est parfois sorti de son champ de compétences pour effectuer des tâches qui ne lui correspondent pas. C’est alors la dimension humaine qui est mise à part et le salarié se réduit alors à une carte à jouer. Face à la maltraitance, la fratrie AFPA pourrait se serrer les coudes, mais trop souvent la communication s’apparente à un jeu où chacun se renvoie la balle. Parce qu’ils se disputent le même jouet, que d’autres semblent injustement plus choyés et que certains piquent dans le porte-monnaie des parents, les enfants se tournent souvent vers le Chargé de Direction Responsable de Formation pour régler leurs problèmes et disputes. Le CDRF se compare alors à « un directeur d’école ».

IV. Dans la famille AFPA, je demande le fils !

Il s’agit du stagiaire. Souhaitant se former à un métier ou faire valoir la richesse de son expérience, le stagiaire entretient un rapport de confiance avec sa sœur salariée. Mais la pression qui pèse sur ces dernières, les erreurs de management et d’organisation et surtout le problème de circulation de l’information au sein de l’AFPA, altèrent l’efficacité des formations. D’ailleurs, la famille AFPA s’exprime de plus en plus sur la toile Internet et beaucoup évoquent l’inutilité de certains employés et déplorent la dégradation du climat social. Dans la famille grandissante de l’AFPA, la lignée des fils semble se dégrader au fil des générations. En effet, presque chaque salarié de l’AFPA est en mesure de constater la multiplication des actes de violence, autant verbale que physique. En plus de cela, certains fils restent englués dans une nonchalance indécrottable. En adoptant les casquettes du policier et de l’assistant social, la sœur salariée flirte ainsi dangereusement avec la dépression et multiplie les lettres au mal-être. Qui est là pour les lire ?
   




V. Dans la famille AFPA, je demande la grand-mère !


La grand-mère bienveillante est médecin et psychologue. A l’écoute des stagiaires, elle prête aussi l’oreille à sa petite-fille salariée. Mais voilà que les psychologues du travail sont contraints d’offrir leur service à Pôle Emploi. En 2009, ce n’était pas moins de 750 psychologues qui ont quitté la famille AFPA, non sans causer du tort aux enfants. En effet, avec des médecins et des psychologues du travail en moins, c’est tout le système AFPA qui s’en trouve bloqué. Les psychologues sont en charge du recrutement des stagiaires et de leur suivi. Avec ces membres en moins, l’orientation des stagiaires est devenue beaucoup plus hasardeuse et leur accompagnement moins soutenu. Toutefois, ce travail d’accompagnement  que tente de réaliser les parents de la famille AFPA n’est-il pas un assistanat trop avancé qui n’aurait en réalité que l’effet inverse de ce qui est à l’origine escompté ? Plus d’autonomie pour les jeunes fils ne serait-il pas le meilleur moyen pour les faire entrer dans l’impitoyable monde professionnel ?

VI. Dans la famille AFPA, je demande le grand-père !

Le vieux syndicat est de toutes les batailles. Portant la voix fluette de sa petite-fille aux oreilles des parents. Dénonçant le manque d’effectif, l’ouverture à la concurrence et les nouveaux statuts de la famille AFPA, le syndicat s’unit dans le mouvement gréviste et se bat à coup de saisies des tribunaux. Des évolutions apparaissent de temps à autre en faveur des employés. Le droit des enfants s’est renforcé : depuis mars 2011, la sécurité sociale reconnaît le « stress aigu » et les « traumatismes psychologiques » comme des « accidents du travail ». Le patronat affublé de l’image de la mère autoritaire et acariâtre bénéficiera-t-il un jour d’une telle considération ? Parce qu’après tout, le patronat n’est-il pas parfois aussi victime de ce système dont il perd le contrôle ?


Voilà l’ironique contradiction : une association qui fait travailler des gens pour qu’ils trouvent du travail à d’autres mais qui n’a plus elle-même envie de travailler.

Voilà l’incroyable famille AFPA ; un véritable jeu avec ses « pioche ! » et ses « je passe mon tour ! » ; un véritable jeu qui se joue de nous, auquel nous jouons tous et auquel nous pouvons tous perdre. Mais finalement, n’est-ce pas la règle du jeu ? La règle d’aujourd’hui ? Tiens, et si on faisait une partie avec la famille Force Ouvrière ?