samedi 10 septembre 2011

Fille au pair, le bon plan ?

« Je voulais changer d'air, découvrir une autre culture, tout en restant au sein d'un foyer. J’ai opté pour fille au pair ». Comme de plus en plus de jeunes filles, Magali est partie à l’étranger pour parfaire sa connaissance des langues au sein d’une famille locale. En échange, elle devait s’occuper des enfants. Etre fille au pair est-il le tuyau idéal pour améliorer la maîtrise d’une langue étrangère tout en se faisant un peu d’argent ? Comment faut-il procéder pour préparer au mieux son expérience ?

 
« Quand on est fille au pair dans un pays, on s'ouvre au monde entier ! »
 
 
 
Magali est partie 11 mois en Angleterre, dans le North Hampshire. L’immersion totale au sein d’un foyer  s’est avérée être la solution la plus économique mais aussi la plus efficace : « on me croyait anglaise. Pour moi mon rêve de parler anglais était réalisé ». Après cette expérience à l’étranger, Magali estime avoir gagné une ouverture d’esprit, un nouveau regard sur le monde. De retour en France, l’histoire se prolonge puisque aujourd’hui Magali est toujours en contact avec la famille anglaise qui la accueillie. Elle garde un si bon souvenir de cette époque qu’elle est devenue l’auteur d’un livre relatant son aventure et recueillant les anecdotes les plus marquantes. Dans son Manuel de la Fille au pair, Magali ne manque pas de donner des conseils aux futures au pair pour que leur séjour ne se transforme pas en cauchemar.
 
 
 
« Je suis partie du jour au lendemain ! »


Parce que sa famille d’accueil en demandait toujours plus et qu’elle lui mettait la pression, Caroline a préféré écourter son voyage : « Je devais m’occuper de leur enfant ; cela était dans les termes de notre contrat moral. Petit à petit, j’ai dû faire le ménage et faire des heures supplémentaires le week-end. Ils s’étaient engagés à payer mes cours d’anglais, mais ne l’ont jamais fait ! » Magali, qui connaît beaucoup de filles au pair, estime qu’il existe « une exploitation de la fille au pair, consciente ou inconsciente de la part des parents. » Pour se lancer dans ce genre d’expérience et savoir faire face aux difficultés, Magali conseille d’aimer par-dessus tout les enfants : « C’est essentiel. Parce que c’est difficile de s’occuper des merveilles du monde d’un parent dingue de ses gamins. Pour la fille au pair, l’enfant est juste un enfant comme tant d’autres ». Sandrine Udin, directrice de l’agence The English Corner, propose des séjours à l’étranger et a vu plusieurs jeunes filles au pair revenir rapidement chez elles. C’est principalement leur immaturité qui posait problème : « Les filles au pair inexpérimentées, de 18 ou 19 ans, n’ayant jamais bougé de chez elles sont les plus vulnérables et on aura beau essayer de les briefer, on sera confronté soit au mal du pays, soit à des problèmes avec les enfants ou a une mauvaise attitude face aux difficultés. » Malgré la débrouillardise et l’expérience avec les enfants, il existe encore un facteur incontrôlable qui peut rendre le séjour invivable. Ce facteur on l’évoque parfois à travers un jeu de mots qui peut faire sourire : « La Fille au Père ». Loin d’être rarissime, le comportement abusif et ambigu de certains pères de famille peut s’avérer être un obstacle insurmontable pour la jeune fille. Daisy plaisantait avec ce cliché avant de quitter la France et l’a utilisé avec ironie à son retour, lorsqu’elle racontait ses mésaventures à son entourage. Les petites filles dont elle s’occupait n’étaient pas faciles et l’attitude déplacée du père n’a pas arrangée la situation : « Il me demandait d’attacher les boutons de son gilet et faisait des sous-entendus graveleux. Il a même osé frapper à la porte de ma chambre à 23heures. Je n’étais jamais à l’aise. » Daisy a compris qu’elle n’était pas un cas isolé lorsqu’elle a rencontré l’ancienne fille au pair de cette famille : « Elle m’a confiée qu’elle était mal à l’aise avec le père mais qu’elle n’en avait jamais parlé, que c’était tabou. Elle m’a remerciée d’avoir abordé le sujet. » Durant son séjour Daisy a rencontré des mamans anglaises qui l’ont encouragée à quitter cette famille et l’ont amenée à rencontrer une nouvelle famille dans laquelle Daisy vit aujourd’hui. Si Daisy a eu cette opportunité, toutes les candidates n’ont pas la possibilité de s’assurer de la qualité de la famille dans laquelle elles vont se trouver et certaines semblent même s’égarer durant la recherche de leur futures familles.
 
 
 
« Le statut est un peu bâtard. »



« La jeune fille n’est pas employée et en même temps elle a des responsabilité à assumer ». Sandrine Udin qui propose dans son agence plusieurs formules de séjours à l’étranger, affirme que la formule au pair reste la plus délicate à gérer parce que le côté humain y est plus important. C’est justement ce relationnel que les candidates ne parviennent pas toujours à contrôler. Beaucoup de sites Internet mettent en contact les filles au pair candidates et les familles par le biais d’annonces. Mais peu d’entres eux semblent sérieux. Beaucoup ressemblent à des sites de rencontres amoureuses, mais peu proposent un contact sécurisé. Il n’est alors pas étonnant de constater des drôleries, des décalages entre l’âge annoncé et le visage mature qui apparaît sur la photographie de l’annonce. Pas plus étonnant de trouver sur un de ces sites stipulant dans son règlement que l’âge minimum requis est 18 ans, l’annonce d’ Elvina, encore mineure : « J’ai lu le règlement mais je n’avais pas fait attention vu que j’ai pu m’inscrire ! » Afin de mettre en garde les futures filles au pair des risques d’Internet, l’UFAAP, l’Union Française des Agences Au Pair, a établi une liste des sites de placement de filles au pair les plus fiables. Sandrine Udin a travaillé pour l’une de ces agences reconnues et entame les démarches pour faire reconnaître aujourd’hui sa propre agence. Selon elle, « une bonne agence est une agence dont les lignes téléphoniques ne sont pas encombrées, une équipe rappelant sous 24 heures maximum, qui offrira un soutient avant le départ pour les démarches administratives et les visas. Une adresse et un numéro de téléphone valide doivent apparaître sur les brochures et le site internet. Le statut associatif ou sociétaire doit également apparaître accompagné d’un numéro d’enregistrement ». Sandrine Udin attire enfin l’attention sur les prix trop élevés qui indiquent « une énorme marge faite sur le dos de la fille au pair » et les prix trop bas qui sont le signe « d’un manque d’engagement de la part de l’agence ».



samedi 3 septembre 2011

Le Business de la Mort

Quand les pompes funèbres deviennent des pompes à fric. Décryptage de vos derniers achats et ultimes investissements à travers ces confessions d’employés des pompes funèbres.
Derrière certaines activités mortuaires se cachent une « machine à fric » qui passe très souvent sous silence. Avec les 535 000 décès annuels en France, les pompes funèbres réalisent en moyenne un chiffre d’affaires d’1,5 milliard d’euros par an. Si le secteur est loin d’être en crise, cela n’empêche pas certains vendeurs de gonfler leurs prix et de présenter des factures post-mortem pouvant s’élever au-delà des 5 000 euros. Tout commence avec l’hébergement du corps. La chambre funéraire en location est désormais plus en vogue que le traditionnel repos au sein du domicile du défunt. Sous le couvert d’une image « moyenâgeuse », les funérariums s’accordent à dire qu’ils offrent une solution « pratique » et « hygiénique » aux familles. Cependant, des sociétés facturent une, voire plusieurs journées supplémentaires en chambre funéraire, et ce jusqu’à 7 fois plus cher que le coût ordinaire d’une journée en forfait. En temps normal, comptez 400€ pour 3 jours. Les pompes funèbres entretiennent des relations avec des sociétés qui proposent des services d’embaumement. Un prestataire estime que « 70% des clients le demandent ». En sachant que l’injection de formol est facturée 400€ et que des supports réfrigérants plus économiques font tout aussi bien l’affaire, cela reste un bon moyen de remplir les caisses ! Le choix du cercueil vient ensuite à vous et les prix peuvent amener plus bas que terre. Le prix de base est d’environ 300€ et des cercueils en acajou massif atteignent des sommes comme 2 400€ ; prix massif lui aussi ! Si celui en peuplier à 700 euros se vend bien, des poignées en plus apparaissent miraculeusement, élevant ainsi son coût. Il semble pourtant clair que quatre poignées suffisent aux hommes en noir pour porter la bière. D’ailleurs, le rajout de poignées engendre la facturation de porteurs en plus. Cette ruse est bien rentable quand on sait qu’une équipe propose ses services à partir de 205€. Quant à la fameuse pierre tombale la fourchette de prix habituelle se situe entre 700 et 1 100€. Ajoutez également 850€ pour un caveau à deux cases ou 1 700€ pour 4 cases ; non n’attendez pas de promotion une achetée une gratuite. Additionnez ensuite 250€ pour la pose du monument funéraire, 450€ pour son ouverture et sa fermeture puis 190€ pour la semelle en ciment. Pour échapper à ces frais, de plus en plus de personnes pensent à se faire incinérer. Seulement attention, les arnaques ne sont pas loin non plus. Une crémation coûte à peu près 400€, l’urne peut atteindre 120€ et si vous choisissez un columbarium, dépensez 900€ pour 30 ans. Une seule urne est amplement suffisante pour contenir les cendres d’une personne. Mais il arrive que des vendeurs soutiennent qu’il en faille deux. Ce cas arrive aux familles trop empreintes de chagrin pour s’apercevoir qu’elles se font berner. A l’heure de la messe on pourrait croire que les fraudes sont derrières soi. Erreur ! Autre piège : le prix de la messe. Ordinairement, son prix est de 150€, or des curés ne réalisent que des bénédictions de vingt minutes pour le même prix. Plus fort encore, vous payez une somme identique pour un curé absent remplacé par un quidam !

Face aux escroqueries des professionnels du funéraire, des structures comme l’AFIF (Association Française d’Information Funéraire) dénoncent les abus qui font l’objet de condamnations par le Conseil de la Concurrence. Michel Kawnik, président de cette association, affirme que « 80% des entreprises ne respectent pas les familles et leurs intérêts ». Malgré le conseiller funéraire et le travail préventif de l’AFIF, les modifications du contrat pour les factures persistent et sont même de plus en plus courantes. Un salarié des pompes funèbres du Nord de la France confie qu’ « une dame a vu son contrat modifié. Les pompes funèbres qu’elle avait choisi ont été remplacées par d’autres aux tarifs bien plus élevés. A la question du changement, on lui a répondu que les autres n’étaient pas disponibles. Ce n’était évidemment pas le cas ! ». Ainsi des hôpitaux, maisons de retraites et entreprises funéraires passent des accords dans le but de manipuler les endeuillés qui ne sont pas plus que des clients. Des professionnels du secteur ont conscience que la famille qui perd un être cher ressent le besoin essentiel de rendre un dernier hommage à celui qu’elle aime. L’achat de croix, de plaques funéraires, de bougies et de fleurs sont un moyen d’anesthésier la douleur. En se servant de cette peine, des hommes et des femmes mettent alors au point des techniques de vente et n’hésitent pas à donner mauvaise conscience à celui qui vient vers eux pour chercher un simple et sincère « A notre maman ».